Po&sie n° 73, octobre 1995 (extrait)
JARDINS ET PIERRES
LIERRE
Bolcheviks entre les draps
des pères, koulaks.
Les matelas profonds
dorment, cuves de l'âge.
Des terrains crus, la ville,
brassent ferme les corps,
les cloches, du béton
pour l'éternel. Rats gris.
Des chemins tombent sous
vos poutres, aimez donc
vos icônes, ce rouge. Ici
les passantes sont douces
au vent qui va revenir,
plus aucun mot ne lie
parois et feuilles, des histoires.
CHANVRE
Des patates, le café,
sèchent dans un placard,
les années cachent encore
des fils, ébouriffés.
Nœuds d'herbes, on lèche
sa soupe, les gamelles
brillent comme des rails,
Judische Schweinerei.
Les poteaux sont obliques,
bergers dressent l'oreille,
le granite enregistre
des coups de feu, des pas
transmettent le silence
aux jardins vides et sages,
la boue change la vie.